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Perspectives 2018

C’est compliqué : L’opinion canadienne et le secteur des carburants

Allan Gregg, partenaire au Groupe de stratégie Earnscliffe, est l’un des chercheurs, stratèges et commentateurs sociaux les plus réputés et les plus respectés du Canada.

Doug Anderson, partenaire au Groupe de stratégie Earnscliffe, est un chercheur chevronné dans les questions de politiques et d’affaires publiques

Les opinions des Canadiens sur l’énergie, l’environnement et la réponse au changement climatique ont considérablement évolué au fil des récentes décennies, souvent de manière surprenante. Il est permis de penser qu’aucun segment de l’économie n’a été plus directement touché et affecté par ces changements que le secteur des carburants. Le présent article explique comment nous en sommes arrivés là et comment l’opinion peut évoluer dans l’avenir. 

Au cours des derniers mois, Earnscliffe a entrepris de multiples études sur l’opinion publique canadienne à l’égard de questions d’importance pour le secteur des carburants et nous avons également passé en revue de récentes études publiées par d’autres intervenants. Ensemble, elles nous mènent à plusieurs constatations.

L’environnement est une valeur, pas un ministère. Bien qu’il demeure d’importantes divisions au sein de l’opinion, on a assisté à une évolution continue vers un consensus sur certains thèmes fondamentaux relativement à la réponse au changement climatique, à la croissance de l’économie en général et au rôle des ressources énergétiques du Canada en particulier. L’un des thèmes les plus importants est que, indépendamment de leurs opinions quant à des options politiques particulières, les Canadiens sont d’accord sur le fait que la protection de l’environnement est une valeur qui doit être préservée. Simplement dit, il est maintenant probable que tout débat fructueux sur la question de l’environnement portera sur les moyens d’atteindre ce but et non pas sur l’objectif lui-même.

Simplement dit, il est maintenant probable que tout débat fructueux sur la question de l’environnement portera sur les moyens d’atteindre ce but et non pas sur l’objectif lui-même. 

Les Canadiens recherchent maintenant un compromis, pas des affrontements. Au cours des récentes décennies, on a présenté au public un choix forcé, les partisans et les experts ayant opposé directement les intérêts environnementaux et les intérêts économiques. Nous constatons toutefois qu’aujourd’hui il reste très peu de Canadiens qui pensent qu’il s’agit d’un « jeu à somme nulle » entre l’environnement et l’économie, et encore moins qui croient qu’un enjeu mérite de l’attention et l’autre pas.

De fait, la plupart des Canadiens conviennent maintenant que nous avons une obligation morale de nous attaquer au changement climatique et la majorité rejettent la notion que « la protection de l’environnement signifie un ralentissement de la croissance économique ». Par contre, les Canadiens comprennent également l’importance de la contribution des ressources naturelles dans les domaines de l’emploi et de l’économie et ne sont pas disposés à appuyer des mesures qui nuiraient à ces secteurs.

En raison de cette tendance croissante à reconnaître les avantages et les inconvénients des arguments pro-environnement et pro-développement, la majorité des Canadiens sont maintenant beaucoup plus enclins à préférer les solutions de compromis – ce qu’on a parfois appelé la préférence du Canada pour le « gradualisme pragmatique » − qui permettent de se rapprocher de l’objectif d’un environnement plus propre tout en embrassant des positions qui évitent d’affaiblir l’économie.

Réduction des émissions au besoin, mais pas nécessairement de « cette » manière. La vaste majorité des Canadiens conviennent qu’il est nécessaire de remplacer au moins partiellement les sources de carburants classiques par des sources d’énergie propre, tout en reconnaissant qu’une énergie moins polluante pourrait coûter plus cher. Beaucoup croient également qu’une évolution en direction d’une énergie propre représente pour le Canada des occasions économiques plutôt qu’un risque.

Par contre, toute initiative politique conçue pour promouvoir une telle transition soulève invariablement des doutes qui tendent à amoindrir les niveaux initiaux d’enthousiasme ou de soutien en faveur d’une technologie propre.

Nous remarquons ainsi, par exemple, que bien que les Canadiens soient favorablement disposés envers une transition qui permettrait de délaisser les moteurs à combustion en faveur de véhicules électriques, ils trouvent complètement « irréaliste » l’idée que ce changement va se produire dans un avenir prévisible et rechignent devant l’imposition de toute mesure qui pourrait artificiellement réduire ce délai.

L’annonce récente par le gouvernement fédéral à propos de la tarification du carbone est un autre excellent exemple d’un cas où il existe un consensus initial quant à l’objectif mais un appui qui s’effrite à l’égard des mesures nécessaires à la mise en œuvre de la politique.

Les Canadiens rejettent l’idée que rien ne peut être fait et semblent en même temps incertains des options disponibles et du rôle qu’ils peuvent jouer dans la découverte de solutions.

Approche à trois volets : efficacité, coût et sacrifice du consommateur. Dans le cadre de notre récente étude multi-intérêts intitulée Earnscliffe Insights on Energy, the Environment and Clean Growth (Aperçus d’Earnscliffe sur l’énergie, l’environnement et la croissance verte), nous avons constaté que bien que la majorité des gens se montrent empressés à l’idée de l’imposition d’un prix du carbone, le niveau de soutien pour cette approche est étroitement lié à l’impression que la tarification du carbone fera effectivement une différence.

S’il est démontré de manière crédible que l’efficacité de la tarification du carbone est moindre que prévu ou promis, l’appui des Canadiens pour cette stratégie commencera, selon toute vraisemblance, à décliner.

De même, si l’« exigence » est que les pollueurs paient, et s’il se trouve que la définition des « pollueurs » inclut également les consommateurs plutôt que les seules grandes sociétés, le soutien des Canadiens pour la tarification du carbone s’effritera de même.

S’il s’avère en outre que pour atteindre de manière efficace et économique les objectifs de réduction des émissions il est nécessaire d’adopter des changements de style de vie ou de comportements qui imposent un sacrifice important aux consommateurs, le consensus relativement à l’adoption de mesures se verra semblablement menacé. 

Chacune de ces perceptions d’efficacité, de coût et de sacrifice personnel représente l’un des volets de cette triple approche. L’élimination de l’un de ces volets entraîne un effondrement de l’appui. On parvient à obtenir un consensus populaire lorsque la présence de ces trois volets est perçue comme étant adéquatement équilibrée.

Recherche d’une voie à suivre. En plus de se sentir hésitants et soumis à des pressions contradictoires, les Canadiens admettent également volontiers qu’ils disposent de peu de connaissances à propos des diverses solutions que les gouvernements, les entreprises ou eux-mêmes devraient étudier pour tenter de résoudre un problème qui clairement les inquiète. Ils veulent « faire ce qui doit être fait » mais leur engagement émotionnel envers cette ligne de conduite est tempéré par le pragmatisme et des inquiétudes à propos des répercussions sur les coûts que pourrait avoir pour eux la mise en œuvre d’options mal comprises. Ils rejettent l’idée que rien ne peut être fait et semblent en même temps incertains des options disponibles et du rôle qu’ils peuvent jouer dans la découverte de solutions. 

Au bout du compte, en raison de ces pressions contradictoires et de ces opinions divisées, nous pouvons nous attendre à ce que le public continue à exercer une pression sur le gouvernement mais pas d’une manière particulièrement ciblée ou cohérente. Le leadership ne viendra pas du grand public mais de ceux qui sauront convaincre le public que la voie qu’ils préfèrent est supérieure au statu quo. 

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